Waënna Ysill

Bonjour! Je m'appelle Waënna Ysill mais mes amis me surnomment parfois Waë. Je suis née dans les Mers de l'Ouest, Aquilys le 14 Bra, et j'ai 16 cycles. Je suis une sirène, et actuellement une simple habitante. Selon mon entourage, je suis douce, généreuse, courageuse ; mais aussi naïve, trop confiante, timide.

L'odeur du cuir, des vieux livres, des pages poussiéreuses que l'on tourne, caché au un coin d'un étagère, du bois qui accueille et supporte depuis des années tous ces volumes. Waënna avait pris pour deuxième maison la bibliothèque de Poséïa. Elle s'y sentait chez elle, elle pouvait y lire autant qu'elle le voulait, et même marcher si elle en avait besoin. Elle n'était pas sous l'eau, oppressée par les profondeurs marines, rejetée par ses sœurs. Bien qu'elle ne soit pas une femme-oiseau, elle se sentait plus à sa place sur la terre ferme que sous l'eau. Et même, si elle pouvait voler. Là, elle serait en paix. Une sirène avec des ailes, cela n'existe pas, Waënna le sait. Mais a-t-on le droit de rêver ? Bien sûr que oui. Alors Waënna rêve. Elle rêve qu'au moins une fois dans sa vie, elle puisse toucher les nuages et redescendre en piqué vers la mer.
« Encore perdue dans tes songes, sœurette ? » Waënna sursauta. Elle était assise au rayon Histoire de la bibliothèque de Poséïa. Elle devait s'être endormie sur son volume des Trois uniques plantes de Fuegilys et Lulla venait de la réveiller. « Visiblement, oui. » répondit-elle, un sourire rêveur accroché aux lèvres. « Et qu'est-ce que tu lis de beau ? » Lulla avait saisit son livre sans ménagement pour voir la couverture. « Ah, les plantes de Fuegilys. C'est vrai, il n'y en a que trois. Maman me l'avait dit. » Waënna pensa aussitôt à la mère de Lulla. Cette femme-oiseau qu'elle osait encore appeler Maman, alors qu'elle l'avait abandonnée. Pauvre Lulla. Heureusement, la jeune sirène avait maintenant une famille qui ne la quitterait sous aucun prétexte. « Tu prépares toujours ton graaand voyage ? » « Arrête de te moquer, Lulla. Si tu étais sirène de naissance, je suis sûre que tu voudrais y aller, toi aussi. » « Je suis sirène de cœur et de condition, fit-elle en agitant ses pieds, n'est-ce pas suffisant ? » « Mais tu ne crois pas en la légende. Moi si. » Waënna se leva et rangea l'épais livre à sa place. Son temps était écoulé. Suivie de près par Lulla, elle sortit de la bibliothèque. Sa sœur sautillait derrière elle, souriant à tous les passants qu'elle croisait, pour s'amuser.
« Dis, tu me la racontes en chemin, cette légende ? » « Tu la connais déjà, Lulla ! » cria Waënna alors qu'elle plongeait dans la mer turquoise. « Et alors ? » demanda Lulla, qui l'avait immédiatement rejointe. « Bien. » Waënna conta à sa sœur de cœur la légende de Ligéia, Celle-qui-pousse-un-cri-perçant, une sirène ayant combattu de vils monstres pour atteindre un paradis méconnu. Une simple légende comme il en existe tant d'autres à Oedilys. Et pourtant. Waënna y croyait dur comme fer. Pour rejoindre Ligéia et ce paradis idéal, elle était prête à tout. Depuis quelques années déjà, elle réunissait quantité d'informations sur les différents contrées qu'il lui faudrait traverser. Un jour ou l'autre, elle suivra le chemin qu'avait tracé Ligéia.

(c) Ségo Soyana